« Ce qui m’inquiète c’est que privés d’espoir, ils sont maintenant dangereux. »

•mercredi 31 octobre 2007 • Laissez un commentaire

 Sanjuro d’Akira Kurosawa… Il est rare de nos jours d’apprécier un film pour la finesse des dialogues. Ici, le dialogue ne sert pas simplement à faire avancer l’histoire, mais beaucoup des dialogues sont philosophiques et portent à réflexion. On écoute pas seulement un film, on écoute de la poésie. Toshiro Mifune qui joue le rôle de Sanjuro, incarne un personnage semblable à celui qu’il a dans les Sept Samurai. En voici la bande annonce originale :    Ce film se démarque aussi par le fait qu’il possède très peu de lieux et peu de coupures dans les plans de caméra comparé à ce qu’on est habitué de voir où les coupures servent souvent à accélérer le rythme du film. Les changements de plans servent surtout à montrer la personne qui parle, donc peu ou pas de reaction shots. On assiste presque à une pièce de théâtre. En même temps je n’ai pas eu l’impression qu’il manquait quelque chose au film. Tout est simplifié, mais tellement efficace. L’histoire et les acteurs suffisent à eux seuls à faire un excellent film. Il n’y a presque pas de musique, le rythme du montage est adapté à l’histoire, on a pas l’impression qu’on accélère simplement pour accrocher le spectateur, il n’y a qu’un seul effet spécial visible, les combats n’ont rien de spectaculaire et ne sont pas inutilement acrobatiques… On  se sert beaucoup des silences pour laisser le temps aux spectateurs de s’approprier l’histoire. Autant dans les longs silences qu’avec des répliques manquantes. On assiste à une œuvre qui n’est pas une copie de ce qui est connu aujourd’hui. Le personnage n’est pas un héros pour être héros, il est un esprit libre qui utilise son efficacité mentale pour aider. Il est plus un bum qu’un héros. On le sent humain tous le long du film, car il se sert surtout de sa tête pour résoudre les problèmes. Les combats ressemblent plus à un jeu d’échecs en accéléré que d’une démonstration de gymnastique. Les mouvements sont simples et efficaces, comme le film dans son ensemble. Sanjuro n’est pas un film, c’est une inspiration.

Étude sur la manipulation du spectateur 01 : La musique

•mercredi 31 octobre 2007 • Un commentaire

 On le sait tous, la musique a une grande influence sur la perception de la vidéo. J’ai tenté l’expérience de présenter une séquence vidéo avec différentes musiques par-dessus.     L’expérience aurait pu continuer avec milles autres musiques… J’ai tenté de présenter un acteur et un lieu avec une certaine neutralité. La teinte verdâtre est souvent utilisée dans les films d’horreur ou dans des scènes angoissante. J’ai voulu voir si la musique allait réussir à aller au-delà du conditionnement de l’œil.  Le son ne colle pas toujours très bien à l’image, mais on peut quand même voir comment il domine la perception. Sans la musique, j’ai trouvé que la première séquence portait plus sur une réflexion. Je me demande ce que le personnage regarde, ce qu’il fait là et ce qu’il pense. Avec la musique, c’est l’émotion qui arrive en premier, la réflexion ensuite. La musique suscite instantanément une émotion, qui est basé sur notre culture ou notre vécu ainsi que sur l’agencement de notes. Ensuite vient un phénomène semblable à ce qui se passe lorsque l’on est heureux, en colère, déprimé, notre émotion du moment va modifier à différents degrés la perception du monde et le traitement de nos idées. Selon moi ce phénomène est amplifié devant le vidéo, les émotions deviennent encore plus influençable, puisque devant l’image nous sommes passif, soumis au contenu qui est une communication à sens unique. De plus, ce que nous regardons n’influencera pas directement notre réel, et donc nous sommes portés à nous laisser bercer émotionnellement dans le monde imaginaire plus que dans la vie réelle. L’école de Francfort dira que cette vulnérabilité devant l’image est issue du conditionnement des médias de masse plutôt que de la nature de l’être humain. Donc l’émotion que nous éprouvons influence directement notre perception du personnage dans cette vidéo. J’ai aussi remarqué que la première séquence avec le silence comme musique est moins intéressante. Selon Adorno et Horkheimer ceci serait dû au fait que les médias nous auraient conditionnés en nous montrant le plus clairement possible ce que l’on doit comprendre de l’image, ce qui tue l’imagination. Cela peut expliquer pourquoi je trouve la séquence vide et terne (malgré que l’acteur y est pour beaucoup). Certaines publicités vont d’ailleurs utiliser le silence, profitant de l’instant où le spectateur est déstabilisé pour passer le message.  Alors chers animaux guidés par l’instinct et l’émotion, la prochaine fois qu’une publicité s’occupe subtilement à manipuler vos sentiments, mettez la télé sur mute et jugez si le produit est toujours aussi intéressant.

Sentiment de culpabilité d’intérêt public

•mercredi 31 octobre 2007 • 2 commentaires

 Vous avez probablement tous ressenti un sentiment de culpabilité et de honte d’être de l’espèce humaine tout de suite après la joie d’avoir appuyé play sur la manette du lecteur DVD. Ce n’est pas Spider Man 3 sur votre écran, c’est un message qui ressemble à ceci : Vous ne voleriez pas une voiture… Vous ne pousseriez pas un enfant en bas d’un l’escalier… Vous n’éteindriez pas une cigarette dans vos yeux… Alors, ne téléchargez pas de films sur internet. Ma version semble exagérée, mais le principe est là de lier deux choses qui n’ont aucun lien ensemble pour culpabiliser le spectateur en comparant son comportement à quelque chose de grave. Voici la pub :  Vous avez téléchargé du contenu illégal sur internet? Vous êtes coupable de vol. Ou pire, vous avez envoyé du contenu et y avez donner accès gratuitement à des milliers de personnes? Vous êtes coupable de communisme! Il y a présentement une guerre entre les avocats des plus grandes industries médiatiques et les usagers de l’internet. Des sites de téléchargement se font poursuivre. Des compagnies qui créent des logiciels facilitant le piratage se font poursuivre. Des individus, simple téléchargeurs se font poursuivre. Dans tous les cas, c’est l’industrie qui gagne. L’industrie fait les lois. L’industrie a raison. Prosternez-vous devant l’industrie. Les gens ont échangé des biens depuis toujours. Aux débuts de la télévision, les voisins se regroupaient pour l’écouter chez celui qui venait de se l’acheter. Aujourd’hui, on se trouve un ami qui s’est acheté le dernier Playstation et on squat son salon le plus longtemps possible. Il y a les bibliothèques, les clubs vidéos, les magasins de films, jeux, livres et musique usagés. Les bons chums s’échangent des collections complètes de disques. Pour les moins fortunés, il y a la télé avec le bon vieux vidéo VHS et la radio avec les cassettes vierges. Ce qui se passe aujourd’hui est que les gens ont accès à plus de biens culturels. Au lieu d’avoir 3 amis sur sa rue, on en a 300 sur facebook. Au lieu de partager avec son entourage on partage avec des étrangers sans rien exiger en retour. Vu de cet angle, l’échange de fichier n’est rien de malsain.  Ce que l’industrie dénonce est que d’une part ils font moins de profits et de l’autre c’est l’artiste du bout de la chaîne qui paye le plus puisque c’est lui qui gagne le moins. Dans un monde capitaliste, une compagnie va bien si elle fait plus de profits que l’an dernier. Mais plus de profits doit avoir une fin. Est-ce que moins de profits signifient la fin de l’industrie? Certainement pas. Cela signifie des actionnaires mécontents. Pour ce qui est de la part qui revient à l’artiste, je crois que c’est à l’industrie de s’en charger pas l’internaute. Un changement dans les habitudes de vie d’un peuple nécessite un changement dans les modes de fonctionnement de sa société. Dans le pire des scénarios, l’industrie meurt et le marché devient saturé d’artistes indépendants qui vont se regrouper avec une nouvelle vision réaliste du marché culturel. Mais dans tous les cas, la culture ne peut pas mourir. Dire que l’on tue des artistes est vrai. Dire que l’on tue l’art est de l’imaginaire. Bref, je crois qu’il faut sérieusement revoir la façon de vendre des biens culturels, quitte à tout détruire ce qui existe et reconstruire, plutôt que de poursuivre les gens qui font ce qui est le plus naturel pour eux : se divertir selon leurs moyens. Il ne faut pas oublier que le piratage est aussi une excellente façon de découvrir des œuvres inconnues. Quelqu’un doit acheter les droits de distribution d’un film pour qu’il soit présenté chez nous. La plupart du temps les droits sont déjà acquis, mais celui qui les détient décide pour différentes raisons de ne pas autoriser la diffusion du film. Ce qui laisse des chefs-d’œuvre moisir dans l’ombre. À moins qu’un ordinateur relié à un homologue asiatique vous permette l’accès à cette œuvre. Depuis l’âge de la parole, nous faisons face à notre rôle de consommateur. Heureusement, ici il y a des lois empêchant la diffusion de publicité ciblant les enfants. Mais souvent à cause du conditionnement des parents, les enfants sont quand même face au phénomène d’achat du plaisir. Dans une société capitaliste, consommer est la valeur qui domine, produire venant en second. Or, on exige de vous que vous achetiez des biens avant de vous demander d’être un bon participant à l’épanouissement d’une société où le désir commun à tous est le bonheur. Les médias sont les lieux privilégiés pour passer un message qui se transformera en besoin de consommer. Le piratage est une belle affirmation sociale sur l’écoeurement face au message de capitaliste sur la consommation. C’est cette même doctrine qui a modifié le mot partage pour celui de piratage. Car dans les faits, pour qu’il y ait piratage, il doit y avoir au moins une personne qui décide de partager quelque chose avec d’autres qui l’enverront à d’autres. Donc en définition on parle d’échange ou de partage, pas de vol ou de piratage. Le partage et l’échange sont des méthodes de survie qui font preuve de leur importance autant dans le monde animal que chez les humains, par exemple avec les enfants. Le fonctionnement capitaliste apporte de grands déséquilibres dans le rapport d’échange, où un employé qui par son travail génèrera 20% des revenus à la compagnie, recevra en retour 0,02% de desprofits. Et c’est de là que vient le dégoût pour cette société de consommation, lorsqu’un producteur de biens n’en a pas assez dans sa poche pour se procurer les biens qu’il produit.  La société capitaliste tend à vouloir abrutir les gens en les traitant comme des individus dans facultés intellectuelles. Son bon fonctionnement n’inclut pas la valorisation des multiples formes d’intelligences. La principale qualité d’un individu sera sa facilité à se conformer à un cadre, à des règles, à une tâche. Le fait de faire des études permettra de s’éloigner un peu plus de cette règle dans la mesure où l’individu prend un rôle de décideur dans sa société. Sinon il devra abandonner ses désirs d’améliorer sa société et se contenter de suivre des règles plus ou moins réfléchies pour survivre. Il lui restera toujours l’option de former sa propre société avec un ou une conjointe, un ou des enfants.Bien sûr, n’importe qui ayant déjà fréquenté quelqu’un d’autre affirmera qu’il y a de l’intelligence et du potentiel dans tout le monde. C’est pourquoi l’industrie doit se rendre à l’évidence que les gens de sa société sont capables de choix conscients. C’est pour cette raison qu’aujourd’hui ils vont aller chercher l’album de Radiohead sur l’ordinateur de leur voisin australien et dépenser sur l’album de Geneviève et Mathieu ou Tricot Machine. Le divertissement est un besoin essentiel à la santé mentale dans notre société, en plus d’être un moyen de stimuler l’intellect et l’imaginaire. Enfin aujourd’hui le consommateur peut choisir d’acheter ou non un bien essentiel. Alors, la solution n’est pas de poursuivre les pirates en justice un après l’autre, mais de revoir le fonctionnement du système capitaliste. L’exploitation (donner beaucoup plus que ce que l’on reçoit pour notre effort) est la base du problème. Autant du côté des artistes que du côté des travailleurs. Dans ses débuts, internet était utilisé par une minorité de cracks qui savaient se débrouiller sans souris, seulement avec du texte blanc sur noir. Il servait déjà au partage de fichiers. C’est pourquoi il a été conçu, c’est pourquoi il existe encore, c’est pourquoi il est partout. L’internet répond à un besoin essentiel à la survie de toute espèce sociale : le partage et l’échange.  Il y a une croyance populaire qui dit que si tu es pauvre, c’est de ta faute. Tu ne vises pas assez haut. Viser plus haut ça peut vouloir dire de changer le monde autour. On ne peut pas discuter avec l’industrie pour la changer. Mais grâce à l’internet ou peut la déchirer et la modeler à nos besoins. J’irais même jusqu’à me risquer à dire que ce qui se passe avec l’échange de fichier envoie un message plus clair et plus fort que tout ce qui a pu se dire par des manifestations dans les rues. Cette fois-ci c’est tout le monde qui est impliqué, pas seulement une minorité de marginaux. Si il était possible de pirater son épicerie, son loyer, son auto, sans aucune conséquence légale, le feriez-vous? Selon moi si cela était possible, la société changerait complètement, les gens prenant un rôle de consommateur actif et non passif. On aurait tous un vrai rôle à jouer dans notre milieu et nous en serions conscients dans chacun de nos choix de consommation. C’est le même phénomène qui se produit lorsque quelqu’un décide d’acheter un film un CD de musique après l’avoir découvert sur internet : un sentiment de satisfaction suite à un choix conscient, un choix qui a du sens, celui d’encourager un artiste. En d’autres mots, chaque dollar représenterait un vrai vote. On peut le dire de nos jours, mais c’est plus philosophique que réel, puisque le vote fonctionne seulement quand la majorité vote dans le même sens. Essayez d’éviter Wal-Mart pour un an, vous verrez qu’il ne s’effondrera pas. Au contraire, vous libèrerez un stationnement pour un autre assoiffé d’économies. Et n’ayez crainte, même si demain les magasins de CD sont vides, il y aura une gang de hippies en train de jouer du tam-tam dans le parc au bout de la rue. Alors cessez de pirater. Téléchargez consciemment. Votez intelligemment. Profitez-en du même coup pour faire un finger à l’industrie qui ne vit que pour elle-même.

Vous êtes stupides et ignorants, je sais ce qui est bon pour vous

•mercredi 31 octobre 2007 • Laissez un commentaire

Je sais que ce sera difficile à accepter, mais mon intelligence supérieure, ma connaissance du monde ainsi que ma connaissance de vos besoins fait en sorte que je suis la personne toute désignée pour vous guider dans vos vies remplis de problèmes. Après tout, vous êtes tous stupides et ignorants, des moutons qui ont besoin d’un berger. N’ayez crainte, je suis là, avec vous et pour vous. Vous êtes probablement en train de vous demander pourquoi quelqu’un comme moi possédant tout ce savoir cherche tant à vous aider? La réponse est simple : je vous aime! Je ne veux que votre bien! Ne vous brisez pas le coco avec des questions encombrantes et décourageantes. Vous finirez par vous épuiser, car votre stupidité et votre ignorance vous suivront toute votre vie comme le fera votre ombre. C’est pourquoi j’offre en spécial cette semaine le nouveau Hide-a-shadow! Cachez cette ombre qui vous fait honte partout où vous allez! Vous êtes gêné de passer à la troisième étape avec les dames parce que votre ombre est trop courte? Votre plus belle robe épouse mal les formes de votre ombre trop large? Cachez cette ombre maintenant! Vivez plus jeunes, plus heureux et plus sexy! Faites-le pour vous, parce que vous le valez bien! On apprécie rarement les personnes qui pensent tout savoir. On tend à se tenir loin des personnes qui pensent tout savoir et qui sont arrogantes. On déteste avec certitude les personnes qui pensent tout savoir, qui sont arrogantes et qui en plus nous disent comment agir sans qu’on leur demande leur avis. Malgré ces traits de personnalités, certaines publicités de masse réussissent quand même à nous acheter. C’est pourquoi j’aimerais donner le trophée de l’image la plus séduisante et du message le plus accrocheur à la publicité de masse. Du même coup, j’en profite pour lancer une tomate brune pourrie avec du poil aux publicités régionales qui, pour la majorité, n’ont même pas de pitounes; elles tentent simplement d’informer de produits ou promotions sans jamais me dire ce qui est bon pour moi. Je suis juste un consommateur, pas un ingénieur en consommation.

Akira Kurosawa ça veux dire 6 septembre 1998 en japonais.

•dimanche 6 septembre 1998 • 3 commentaires

Et en français, 6 septembre 1998 signifie la mort d’un génie.

Vous pensiez que les Power Rangers étaient ultra cool? Je sais, votre conception de la
réalité viens de s’effondrer… Vous pensiez tout savoir, mais maintenant vous venez de découvrir que vous ne saviez rien. « Comment je vais m’en remettre? Ce blog est tellement hot! Je ne sais plus où j’en suis!?! » Tout va bien. Respirez. Ce blog ne fera pas que vous troubler par son ultra-isation, il vous guidera.

D’ici à ce que les lumières se mettent à ON, allez visiter le blog du prof, qui de toute évidence tente de s’inspirer du miens, qui a été créé en 1998, comme la date de ce post l’indique.